Bill et Hillary Clinton
Bill Clinton ne parade plus en Haïti. Ses visites hautement médiatisées appartiennent au passé. L’ex-président américain, ex-coprésident de la CIRH, en prend pour son grade à chaque fois que l’on évoque le fiasco de la gestion post 12 janvier 2010. Le moins que l’on puisse dire c’est que Haïti pèse de son « petit poids » d’embarras. Pas seulement pour Bill mais pour Hillary aussi.
« Bill, Hillary et la débâcle d’Haïti » est en effet le titre d’un article de Mary Anastasia O’Grady, publié dans le très prestigieux Wall Street journal. En off, elle cite un officiel haïtien encore dubitatif : « Je ne peux vraiment pas comprendre comment on a pu collecter autant d’argent, donner la responsabilité à un ancien président américain et avoir ce résultat ».
Dans son papier, O’ Grady revient sur le film de Raoul Peck, « Assistance mortelle » qui montre les images d’une réunion houleuse en République dominicaine en décembre 2010 au cours de laquelle les représentants de la partie haïtienne de la CIRH dénonçaient l’opacité du secrétariat général. Ils étaient des figurants, sans accès aux infos sur la passation de certains contrats.
Quatre ans après le séisme ayant lourdement endommagé Port-au-Prince et d’autres villes d’Haïti, des centaines de millions de dollars de l’USAID affectés à la CIRH sont partis. Des centaines de millions de dollars venant des donateurs ont été dépensés. On a laissé derrière un véritable micmac, sans effet sur le développement et des projets à moitié terminés, souligne Mary Anastasia O’Grady.
Elle cite un rapport du GAO qui met en lumière des confusions dans le secteur du logement. L’USAID a sous-estimé les montants nécessaires. Le budget a augmenté de 65 % et le nombre de maisons construites diminué de 80 %, rapporte l’article du Wall Street journal.
Des contractants sans qualifications mais ayant de bons pistons ont eu les meilleures chances pour obtenir des marchés, indique O’ Grady. Elle rappelle que Bill Clinton, à la tête de la CIRH et Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américain, étaient en charge de l’effort des Américains pour la reconstruction. Cela veut dire, souligne O’Grady, que Bill donnait des rapports à son épouse Hillary Clinton.
En quatre ans, Cherryl Mills, chef de cabinet d’Hillary Clinton, a effectué quelque 30 voyages en Haïti. C’est le signe de l’intérêt que portent les Etats-Unis au relèvement et au développement d’Haïti, selon un officiel du Département d’Etat, explique Mary Anastasia O’ Grady. Elle tance. Les Haïtiens sont très déçus. Mais avec Monsieur Clinton en charge, supervisé par Mme Clinton au Département d’Etat, le résultat était prévisible, renchérit O’Grady. Si les Américains le savaient, ils seraient déçus, comme les Haïtiens, indique-t-elle.
Les Clinton ont une grande expérience d’Haïti. Bill Clinton avait utilisé l’armée américaine pour ramener Jean Bertrand Aristide au pouvoir en 1994. Des amis de Bill Clinton ont investi dans le secteur lucratif des télécommunications, explique l’article de WSJ, l’un des organes de presse comme Fox News, propriété de Rupert Murdock. WSJ indique que ses tentatives pour obtenir un commentaire de Bill Clinton à travers sa fondation sur la pétition de Mes Newton St-Juste et André Michel pour que celle-ci justifie devant la CSC/CA l'usage des fonds alloués à la CIRH et sur le bilan de cette structure ont été infructueuses.
Entre-temps, depuis le déjeuner d’Hillary Clinton avec Michel Martelly entre les deux tours de l’élection présidentielle en 2011, les Etats-Unis, estiment certains, supportent l’administration Martelly. Récemment, quelques-uns ont tiqué en prenant connaissance de la déclaration de John Kerry, actuel secrétaire d’Etat américain, en vue de déverrouiller des fonds alloués à Haïti dans le budget des Etats-Unis.
« Je certifie, par la présente, qu’Haïti est en train de prendre des mesures en vue de l’organisation d’élections parlementaires libres et honnêtes, et de la constitution d’un nouveau Parlement haïtien; le gouvernement de la République d’Haïti respecte l’indépendance de la justice; et le gouvernement de la République d’Haïti est en train de lutter contre la corruption et d’améliorer la gouvernance, notamment par l’adoption de la loi anticorruption pour permettre de poursuivre des fonctionnaires corrompus et d’instaurer la transparence financière et les exigences de responsabilité financière dans les institutions publiques », avait indiqué John Kerry.
Il y a quelques mois, des parlementaires haïtiens qui participaient à un rassemblement annuel du Black Caucus avaient dénoncé l’ambassadeur Pamela A. White qui édulcore la réalité, avait indiqué le sénateur Steven I. Benoît en septembre 2013.
A l’avenir, il faut s’attendre à la publication d’autres papiers sur le rôle des Clinton en Haït. Pressentie comme candidate à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de 2016, on fouille dans les placards d’Hillary R. Clinton. Pour le moment, il n’y a pas d’affaires de la dimension de celle de Benghazi à l’horizon. En revanche, comme un caillou dans les chaussures du couple, il y a Haïti.
Roberson Alphonse
Rédacteur au Nouvelliste
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